L’amiante, on en entend souvent parler dans le contexte des bâtiments anciens. Mais saviez-vous que cette fibre minérale naturelle peut aussi être présente dans nos sols et nos roches ? C’est ce qu’on appelle l’amiante environnemental. Son repérage avant certains travaux est crucial pour protéger la santé des travailleurs et de la population. Une norme, la NF P94-001, encadre spécifiquement cette démarche. Décryptons ensemble de quoi il s’agit.
C’est la règle de l’art qui s’impose à tous les géologues réalisant des repérages avant travaux de l’amiante environnemental.
Elle est gage de qualité et de fiabilité. Son application est (fortement) recommandée par les autorités (Direction Générale du Travail, INRS…) et est indispensable pour garantir la validité dans le temps des repérages réalisés ainsi que leur opposabilité en cas de litige.

Qu’est-ce que l’amiante environnemental et pourquoi le repérer ?
L’amiante environnemental désigne l’amiante qui se trouve à l’état naturel dans les sols et les roches. Contrairement à l’amiante utilisé dans les matériaux de construction, il n’a pas été ajouté par l’homme. On peut le trouver dans diverses formations géologiques, notamment dans certaines roches métamorphiques (comme les serpentinites).
On en trouve en France dans diverses régions, comme la Corse, les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central et le Massif Armoricain.

Lorsque des travaux de terrassement, de forage ou d’excavation sont réalisés dans des zones contenant de l’amiante environnemental, des fibres peuvent être libérées dans l’air et inhalées. Ces fibres sont reconnues comme cancérogènes. Le repérage avant travaux vise donc à identifier la présence éventuelle d’amiante naturel afin de prendre les mesures de prévention nécessaires pour éviter l’exposition des personnes et la contamination de l’environnement.
La norme NF P94-001 : un cadre pour le repérage
La norme NF P94-001, publiée en septembre 2021, définit le contenu, la méthodologie et les modalités de réalisation des missions de repérage de l’amiante environnemental avant travaux (RAT) dans les sols et roches en place. Son objectif principal est de rechercher des « objets géologiques » (c’est-à-dire des volumes de roches ou de sols) susceptibles de contenir de l’amiante.
Cette norme s’applique aux terrains naturels n’ayant subi aucune action anthropique, et exclut par exemple les matériaux de dragage, les sols remaniés ou les remblais. Elle vise à informer le donneur d’ordre sur l’impact potentiel de la présence d’amiante sur les futurs travaux et à permettre aux entreprises intervenantes d’adopter les mesures de prévention adéquates.
Les étapes du repérage : les missions A0, A1 et A2
La norme NF P94-001 structure la mission de repérage en plusieurs étapes progressives, permettant d’adapter les investigations à la complexité du site et aux informations disponibles.

Mission A0 : L’analyse documentaire initiale
Cette première phase consiste en une étude documentaire approfondie. Le géologue opérateur de repérage analyse :
- Les informations fournies par le donneur d’ordre (localisation précise du projet, nature des travaux envisagés).
- Les cartes géologiques (notamment celles du BRGM à l’échelle 1/50 000), les bases de données (comme InfoTerre).
- Les éventuels rapports de repérages antérieurs.
- Toute autre donnée bibliographique pertinente.
Une attention particulière est portée aux contextes géologiques connus pour être potentiellement amiantifères (roches ultrabasiques, zones de failles, zones d’altération hydrothermale, etc.). Une visite sur le terrain n’est pas obligatoire à ce stade, mais reste à l’appréciation du géologue. À l’issue de la mission A0, le géologue peut :
- Conclure à l’absence d’objet géologique susceptible de contenir de l’amiante et clore la mission.
- Suspecter la présence de tels objets et préconiser une mission A1.
- Confirmer la présence avérée d’objets contenant de l’amiante et passer directement à une mission A2.
Bureau GDA vous propose de commander vos repérages A0 directement en ligne. Typiquement, une mission A0 coute quelques centaines d’euros et pourra être réaliser en quelques jours.
Mission A1 : L’étude géologique de terrain et les premières investigations
Si la mission A0 n’a pas permis d’écarter le risque, une mission A1 est engagée. Elle comprend obligatoirement une visite sur site. Le géologue :
- Réalise une inspection visuelle détaillée des affleurements accessibles.
- Identifie et cartographie les différents objets géologiques présents.
- Recherche les indices de présence potentielle d’amiante (minéraux précurseurs, type de roches, contexte structural).
- Peut réaliser des prélèvements à des fins d’analyses pétrographiques (étude de la nature et de la structure des roches, souvent par l’observation de lames minces au microscope) pour rechercher la présence de minéraux comme les serpentines ou les amphiboles.
- Peut préconiser des investigations plus poussées si nécessaire (sondages, etc.).
L’objectif est de confirmer ou d’infirmer les suspicions de la phase A0. Si l’absence d’amiante est confirmée, la mission s’arrête. Sinon, ou en cas de doute persistant, une mission A2 est nécessaire.
Dans les faits, grâce aux compétences de terrain de nos géologues, les missions A1 sont généralement conclusives et le recours à des investigations mécaniques reste rare.
Typiquement, une mission A1 coute quelques milliers d’euros et pourra être réaliser en quelques semaines.

Mission A2 : La caractérisation précise et la délimitation du risque
La mission A2 intervient lorsque la présence d’amiante est avérée ou si un doute subsiste après la mission A1. Elle vise à :
- Déterminer précisément les caractéristiques des objets géologiques susceptibles de contenir de l’amiante (analyses minéralogiques et de laboratoire pour identifier le type d’amiante).
- Confirmer ou infirmer définitivement la présence d’amiante.
- Délimiter géographiquement l’extension des objets géologiques contenant de l’amiante.
Cette phase implique souvent un maillage plus resserré des investigations, des sondages géologiques, des prélèvements d’échantillons pour analyses en laboratoire accrédité (selon des normes spécifiques comme la NF X 43-050 pour la microscopie électronique à transmission analytique – META). Le rapport final de la mission A2 doit être conclusif sur la présence ou l’absence d’amiante.

À qui s’adresser pour un repérage ? Le rôle du géologue opérateur de repérage
La réalisation d’un repérage d’amiante environnemental doit être confiée à un géologue opérateur de repérage. Il s’agit d’une personne physique possédant des compétences spécifiques et avérées en géologie, notamment en pétrographie (étude des roches), minéralogie, et connaissance des processus de formation de l’amiante. Il doit également justifier d’une assurance pour ce type d’activité et avoir suivi une formation à la prévention des risques liés à l’amiante (travail en conditions SS4). Ce professionnel exerce sa mission en toute indépendance (notamment vis à vis du donneur d’ordre mais également des sondeurs et des laboratoires).
A terme une formation certifiante viendra sanctionner ce titre. Dans l’attente, confiez vos missions à des professionnels reconnus comme les géologues de Bureau GDA.
Dans quels cas un repérage est-il nécessaire ?
Un repérage de l’amiante environnemental avant travaux s’impose dès lors que des travaux sont prévus sur des terrains, sols et roches en place, et qu’il n’est pas possible d’exclure la présence d’objets géologiques susceptibles de contenir de l’amiante. Cela concerne une vaste gamme de travaux, allant de la construction de routes ou de bâtiments aux opérations de génie civil impliquant des terrassements. Le donneur d’ordre (la personne ou l’entité qui commande les travaux) est responsable de s’assurer que ce repérage est effectué lorsque la réglementation l’exige.

Et s’il y a bien de l’amiante ?
Alors il conviendra de prendre des mesures de protection des travailleurs et riverains. Pour autant, il n’est pas interdit de construire ou de vivre en présence ou à proximité d’amiante environnemental, sous réserve d’éviter les expositions aux fibres dans l’air.

En conclusion
Le repérage de l’amiante environnemental est une démarche de prévention essentielle.
La norme NF P94-001 fournit un cadre structuré pour mener à bien ces investigations complexes, qui nécessitent l’intervention d’un géologue qualifié. Bien comprendre ces enjeux permet d’assurer la sécurité de tous et la bonne gestion des projets d’aménagement.
Publiée en novembre 2021 par l’Afnor, la norme P94-001 relative au « Repérage amiante environnemental – Etude géologique des sols et des roches en place – Mission et méthodologie » est la règle de l’art qui s’impose à tous les géologues réalisant des repérages avant travaux de l’amiante environnemental.
Elle est gage de qualité et de fiabilité. Son application est (fortement) recommandée par les autorités (Direction Générale du Travail, INRS…) et est indispensable pour garantir la validité dans le temps des repérages réalisés ainsi que leur opposabilité en cas de litige.
